Monday, January 18, 2010

5 soldats bien réels à côté desquels Rambo est un petit joueur - No 1, Audie Murphy

(suite et fin du texte commencé ici ; original : « 5 Real Life Soldiers Who Make Rambo Look Like a Pussy » de Marc Russel, mis en ligne ici le 4 février 2009)

No 1. Audie Murphy



Qui était-ce ?
Lorsqu’en 1942, au tendre âge de 16 ans, Audie Murphy voulut s’engager chez les Marines, il mesurait un mètre soixante-cinq pour cinquante kilos. Bien évidemment, on lui rit au nez. Il se présenta alors dans l’US Air Force, dont les recruteurs lui rirent également au nez. Audie se rabattit alors sur l’armée de terre, qui estima qu’il pourrait toujours servir de chair à canon : il fut donc engagé. Il n’était pas vraiment un bon soldat, et ses supérieurs voulurent même le réaffecter en cuisine après qu’il eut tourné de l’œil au milieu de l’entrainement. Il insista pourtant pour aller au combat, et fut donc envoyé au cœur de l’action.
Pendant l’invasion de l’Italie, Audie fut promu caporal pour sa remarquable adresse au tir ; il contracta également le paludisme, dont il souffrit pendant presque toute la guerre. Tâchez de garder ça à l’esprit.



Envoyé dans le sud de la France en 1944, il rencontra des mitrailleurs allemands qui firent d’abord semblant de se rendre mais abattirent alors en traitre son meilleur copain de régiment. Cela fit basculer Murphy dans une folie furieuse : il massacra les occupants du nid de mitrailleuses, et utilisa leur arme pour éliminer tous les Boches dans un rayon de cent mètres, y compris deux autres nids et de nombreux tireurs embusqués. Il fut décoré de la Distiguished Service Cross et promu commandant de peloton, pendant que ses camarades se confondaient en excuses pour l’avoir appelé « rase-bitume » pendant tout ce temps.
Environ six mois plus tard, sa compagnie avait pour mission de défendre la Poche de Colmar, une zone cruciale sur le théâtre des opérations en France. Il ne restait que 19 hommes (le bataillon en comptait 128 au départ) et deux véhicules antichar M-10.



Les Allemands, en revanche, sont arrivés avec une flopée d’hommes et une demi-douzaine de chars d’assaut. Vu que les renforts n’arriveraient pas avant un moment, Murphy et ses hommes se réfugièrent dans une tranchée et envoyèrent les M-10 faire le gros travail. Ils furent rapidement réduits en miettes.
Et c’est là que ce gamin impaludé, haut comme trois pommes, se précipita vers un des M-10 à moitié démoli, sauta aux manettes de la mitrailleuse .50 et se mit à descendre tout ce qui bougeait. Notez bien que le M-10 était en flammes et avait un réservoir plein d’essence : en gros, une véritable bombe à retardement.


Il était vraiment minuscule.

Murphy continua son canardage pendant presque une heure, mais finit par être à court de munitions : il rejoignit alors ses hommes hébétés tandis que le M-10 explosait dans l’arrière-plan, façon Mad Max. Il fut décoré de littéralement toutes les médailles existantes (33 en tout, même s’il en avait quelques-unes en double, plus cinq françaises et une belge), parmi lesquelles la prestigieuse Medal of Honor.
Après la guerre il fut atteint de stress post-traumatique et mis sous Placidyl, un puissant sédatif. Il sombra dans la dépendance à cette drogue, mais Audie Murphy n’allait pas s’inscrire à un programme de désintoxication comme une mauviette : il se sevra à la dure, en s’enfermant seul dans une chambre de motel pendant une semaine, le temps d’évacuer tout ça. Il écrivit également une autobiographie intitulée L’Enfer des hommes, et devint plus tard acteur.

Ce qu’Hollywood a trouvé de mieux :
Audie Murphy (interprété par Audie Murphy), du film L’Enfer des hommes :

Il était vraiment minuscule.

Dans L’Enfer des hommes, Audie Murphy joue le rôle d’Audie Murphy, un héros de guerre dur à cuire qui prouve sa valeur au champ d’honneur par d’extraordinaires actions d’éclat. Ce film était à l’époque le plus gros succès commercial d’Universal, et il a conservé ce record pendant 20 ans jusqu’à la sortie des Dents de la mer. Eh oui : il n’aura rien fallu de mois qu’un requin géant mangeur d’hommes pour détrôner les exploits d’Audie Murphy.

Pourquoi ça n’a rien à voir :
Lorsqu’un producteur Hollywoodien décida d’adapter au cinéma l’autobiographie de Murphy, il était résolu à ce que le vétéran joue son propre rôle. Mais ce dernier avait peur qu’en voyant les incroyables évènements de son histoire, les spectateurs ne s’imaginent qu’il cherchait à embellir la vérité ou à tirer avantage de sa célébrité. Il se mit donc d’accord avec les producteurs pour couper certains passages, de peur que le public n’y croie pas. Sérieusement.

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